La suite
. Je me fais aucune illusion sur la qualité de cette chose mais comme j'ai deja mis le début
Pesmerga marchait sans but dans la douceur matinale. La ville lui semblait grise et terne, presque sans vie. Il était encerclé de solides habitations aux volets et aux portes imposantes et toute hermétiquement closes. C’est alors qu’il vit une première fenêtre s’ouvrir timidement. L’homme jeta un coup d’oeil tout autour et observa longuement le soleil levant avec une satisfaction non dissimulée. Bientôt, d’autres fenêtres s’ouvrirent.
Pesmerga observait avec curiosité les villageois pointer doucement leur museau hors de leur habitations. Tous semblaient accueillir le soleil comme s’il avait eu peur de ne plus jamais le revoir. Rien de bien extraordinaire se dit Pesmerga, chaque ville a ses petites habitudes. Il lui semblait qu’il avait beaucoup voyagé et que le spectacle d’une routine inconnue ne le dérangeait pas outre mesure. De toute façon, il aurait été stupide de se sentir dépaysé compte tenu du fait qu’il n’avait aucun souvenir de ses terres natales. Cette ville en valait bien une autre et elle serait sûrement en mesure de lui offrir l’hospitalité et le réconfort dont il avait besoin car il était fatigué comme s’il avait due parcourir des miles et des miles dans la plus parfaite solitude au milieu de l’obscurité. Il lui semblait qu’il aurait du chercher un lieu pour se reposer mais ce n’était pas une fatigue physique. Il avait beau se concentrer, il était incapable de ressentir la moindre lassitude dans ses membres et cela lui fit un peu peur. Etait se bien des muscles qui faisaient se mouvoir cette carcasse d’acier dont il était prisonnier ? Y’avaient ils des os, de la chair et des nerfs pour ressentir la fatigue et la douleur ? Le soleil lui faisait cependant du bien de la même façon qu’il semblait ramener la vie dans le village. La lumière redonnait des couleurs à la ville tandis que les bâtiments s’ouvraient vers l’extérieur. Pesmerga faillit d’ailleurs prendre un volet dans la figure tandis qu’il marchait prêt d’un mur. La jeune femme qui venait d’ouvrir précipitamment ne s’excusa pas le moins du monde. Au lieu de cela, elle dévisagea le chevalier noir pris d’un malaise et referma aussitôt. Il n’était soudain plus sure qu’il s’agissait simplement de coutume étrange, il y avait quelque chose de dérangeant ici. A bien y regarder, beaucoup de villageois lui jetaient des regards en coin, lui renvoyant en pleine figure ses doutes sur sa nature. Qu’importe, ça allait sûrement passer, certaines personnes ne sont pas habitués à voir des étrangers. Le temps lui donna raison, une heure après l’aube, plus personne ne fit outre mesure attention à lui. Il devait maintenant faire face à l’indifférence qui caractérise les villes d’une certaine importance. Les êtres humains avaient ils toujours été ainsi ? si peu soucieux les uns des autres, chacun occupé à sa propre besogne? Voilà qu’il se mettait à parler d’eux à la 3eme personne. Inutile de se sentir marginalisé, il n’avait quand même pas été assez bête pour espérer trouver un foyer ici. Pourtant il ne pouvait s’empêcher d’être déçu. Il avait de toute évidence placé trop d’espoir dans cette ville. Je ne suis jamais content pensa il de lui-même et cela est bien humain il me semble.
Au diable toutes ces considérations, il devait maintenant se concentrer sur ses objectifs. Il lui fallait retrouver l’autre chevalier noir et reprendre pied. Peut être commencer par apprendre où il se trouvait lui même ?
Il lui faudrait le demander aux villageois quitte à attirer de nouveau la suspicion sur lui. Il n’avait que l’embarras du choix, il était arrivé à ce qui aurait pu ressembler à un marché. Tout autour de lui, il y avait des étalages colorés et des commerçants tentant d’attirer le client. Pesmerga remarqua qu’une grande partie des magasins proposait des objets aux formes hétéroclites. La plupart était gravés de symboles étranges mais qui lui étaientt attirants pour une raison inconnue. Pesmerga fit plusieurs tentatives auprès des commerçants pour obtenir des informations mais la plupart affectait de ne pas avoir le temps ou de ne rien savoir. Tous le regardaient avec une méfiance flagrante des qu’il tentait de savoir où il se trouvait. La seule chose que Pesmerga parvint à apprendre était que le prix du poisson était plutôt élevé par rapport aux autres denrées.
Il s’approcha d’un autre magasin pour faire une nouvelle tentative quand un jeune garçon lui rentra brutalement dedans. Le jeune pressé qui ne devait pas avoir plus de 12 ans se retrouva alors les fesses par terre, se frottant douloureusement la tête.
-Aie, aie, aie. Maman me disait toujours de regarder devant moi. Scusez moi m’sieur.
Le garçon releva la tête et ouvrit des yeux ronds derrière de long cheveux blonds.
-whaaaa, vous êtes un chevalier? Je n’en ai jamais vu par ici. Qu’est ce qu’elle est chouette votre armure ! elle doit valoir très très cher. Quels beaux ornements et tout dorés en plus ! Vous n’êtes pas n’importe qui vous. Comment vous vous appelez ?
Pesmerga resta sans dire un mot à fixer l’étrange garçon qui fit alors la grimace.
-Vous êtes fâché ? dit il timidement.
-Laisse moi en paix.
Le gamin afficha alors une énorme déception puis son visage s’illumina de nouveau prenant pesmerga totalement de court.
-Soyez pas méchant avec moi. Je suis sure que je peux vous être utile ! Vous avez l’air totalement perdu et moi je connais le coin comme ma poche ! Faites moi confiance, je vais m’occuper de vous. Au fait, je m’appelle Erim, enchanté dit il en effectuant une révérence maladroite qui aurait presque arraché un sourire à Pesmerga. Quel fraîcheur et quelle naïveté chez cette enfant. Il n’aurait pas voulu l’admettre mais cela lui faisait le plus grand bien.
-Que proposes tu ?
L’enfant eu un large sourire de victoire puis pris l’air de réfléchir.
-Je pourrais vous emmener dans l’auberge de mon père pour me faire pardonner.
-Je ne resterais pas ici longtemps, je partirais sûrement avant la fin de la journée.
Cette fois, le visage du garçon exprima une vive incompréhension et il pris quelques secondes avant de répondre.
-Mais personne ne peut quitter le village la nuit, c’est trop dangereux ! et puis pour aller où ? la guerre fait rage à l’est, on ne sait même pas combien de temps le pays tiendra contre Ravencroft. Sieg Hart a fait fermer le col de Bifrost, il n’y a nulle part ou aller de toute façon à part vers l’ouest…
-Tu sembles en savoir bien plus long que ce que je pensais (et les autres villageois m’ont l’air plutôt hostiles ajouta-t-il pour lui-même). Serait il possible que tu m’apprennes tout ce que tu sais ?
-Bien sur fit il ravis. Il prit un sourire espiègle. Si vous venez avec moi à l’auberge !
-D’accord finit par lâcher Pesmerga résigné, j’imagine que je n’ai pas le choix.
-Super ! Venez, c’est par la.
Un peu brusqué, le chevalier se dit qu’après tout plus vite il irait, plus vite ce serait terminé mais il réalisa rapidement son erreur et regretta sa décision quand le garçon pris l’initiative de le submerger de questions diverses. D’où il venait ? combien pesait l’épée ? en quoi était faite l’armure ? Que de questions qui l’embarrassaient et qu’il fit mine d’ignorer ce qui ne découragea pas Erim le moins du monde. De toute façon, il aurait été incapable de répondre à la moitié d’entre elles même s’il l’avait voulu et cela ne fit qu’augmenter son exaspération. Pourtant Pesmerga ne se fâcha pas, quelque chose chez cet enfant le touchait et plus encore, quelque chose lui était familier. Ce garçon lui rappelait quelqu’un assurément mais qui ?
Les commerces cédèrent rapidement la place à des ruelles vides. Pas âmes qui vivent, les murs étaient lézardés et les toits tombaient en ruine. Certaines affichaient même de larges trous comme autant de profondes gueules noires dans leurs murs. Les maisons étaient si hautes que le soleil pénétrait qu’à grande peine jusqu'à la rue.
Ils étaient maintenant perdus au milieu d’un véritables dédales de petites ruelles, rien de bien rassurant.
Le bon coté chez Erim, c’est qu’il n’y avait pas besoin de lui demander des explications, il n’était pas avare de paroles. Il expliqua de lui-même que tout le centre ville avait été abandonné. Les maisons étaient bien trop grandes et vétustes, le tout aurait pu s’effondrer comme un rien. Il semblerait que le tout avait été construit dans la précipitation en vue d’accueillir un grand nombre de personnes avant que l’on ne reconstruisent des habitations plus agréables autour. Les explications du jeune garçon était plutôt vagues mais il ne semblait pas en savoir d’avantage. On lui avait formellement interdit de venir ici bien sur mais Erim semblait peu enclin à suivre les ordres.
-C’est juste au tournant dit Erim après plusieurs minutes de zigzag entre les constructions chaotiques.
Ils arrivèrent devant une grande battisse dont l’état était à peine meilleur que celui des constructions alentour cependant la porte était ouverte et une pancarte invitait à entrer. Les affaires ne devaient pas être au mieux, il était évident qu’aucun natif du village ne se serait risqué jusque là.
L’enfant se dirigea prudemment vers une fenêtre pour y jeter un coup d’oeil et en revint tout grimaçant sur la pointe des pieds.
-Aie, papa est la ! je ne pourrais pas vous faire passer par l’entrée ou alors il vous fera payer une fortune. Ecoutez, je vais essayer de vous faire entrer par cette fenêtre dit il en montrant une ouverture à hauteur respectueuse. Ne bougez pas de là, je vais chercher l’échelle.
Et il s’engouffra immédiatement dans la porte.
eh bien ça promet pensa le chevalier.
Pesmerga tacha alors de se soustraire aux regards d’éventuel curieux et quand il fut sur que personne ne regardait, il monta sur une caisse posée là, pris appui sur le toit d’une maison voisine et bondit jusqu’a la fenêtre ouverte.
La chambre était vide, personne pour le surprendre en train de se glisser à l’intérieur. C’était une petite chambre aménagé simplement. Une lit défait sur une petite paillasse, une table ou était posé un boite de bougies et une chaise en bois rudimentaire.
Erim finit par débouler dans la chambre visiblement fort surpris de trouver le chevalier planté au milieu.
-Incroyable fit il au comble de la fascination.
Il partit aussitôt se pencher à la fenêtre pour apprécier la hauteur sous l’œil circonspect du chevalier.
-Génial insista le garçon en revenant sur ses pas.
-Dis moi, qu’est ce que c’est que ça coupa Pesmerga en désignant, perché sur la tête de Erim, le petit écureuil qui regardait avec curiosité le doigts tendu vers lui.
-Ca ? fit il en prenant l’animal qui avait immédiatement sauté dans sa main. C’est Mojo. Il l’approcha de son visage et la petite boule de fourrure vint se blottir contre sa joue avant de venir se percher de nouveau sur sa tête. Je l’ai trouvé aux abords de la forêt il y a quelques mois et il ne m’a jamais quitté.
-La foret ? c’est de la que je viens. Il y a un grand château la bas non ?
Luciel le fixait éberlué.
-vous êtes allez la bas ? vous devez être très très fort. La foret est très dangereuse et remplie de monstres inconnus, personne ne s’y aventure et ne sait ce qu’il y a derrière. Elle encercle le village par l’ouest. Le château est le bâtiment le plus avancé que nous connaissions. Il devait servir d’avant poste pour des futurs explorations mais le projet a été abandonné, on dit que la gardes ont été décimés… C’était bien avant ma naissance m’a dit papa.
C’est vrai que le château avait l’air abandonné pensa Pesmerga mais il y avait cette femme la bas… Est-ce qu’il y a un rapport ? je devrais peut être y retourner mais cette maudite grille m’en interdit l’accès, on m’a enfermé dehors comme un chien.
-Ou sommes nous Erim ? La ville je veux dire, quelle est son nom ?
-vous êtes vraiment très étrange monsieur le chevalier noir. Nous sommes dans la ville de Torqwin à l’ouest du vieux continent, derrière les montagnes du Jormagund. Comment pouvez vous l’ignorer, c’est le seul chemin pour venir ici à moins que vous ne soyez pas un fugitif tentant d’échapper à la guerre… vous ne venez tout de même pas de l’ouest hurla presque Erim au comble de l’excitation. Vous êtes avec les gens de la nuit ?
-J’ai perdu la mémoire dit il simplement pour couper court à toute question.
La conversation tourna court quand une voie se fit entendre de l’extérieure de la pièce
-Erim, qu’est ce que tu fais ? Viens ici, tu n’as pas fini ton travail.
-J’arrive papa.
Puis il dit plus bas
-Je viendrais vous voir plus tard pour vous apporter à manger. On ne devrait pas venir vous déranger, la fenêtre est cassée et personne ne saurai assez fou pour dormir dans ces conditions
Et il partit comme il était venu non sans refermer la porte derrière lui mais en laissant Pesmerga en proie à de vives interrogations. Il avait malgré tout avancé dans ses recherches. Si la contrée ne lui rappelait absolument rien, il avait en revanche une idée plus précise de la géographie locale et cela pouvait toujours servir s’il ne voulait pas moisir ici.
Il n’avait aucune intention de rester dans la chambre à ne rien faire mais l'idée de sortir de nouveau le répugnait. Le souvenir de tous ces regards sur lui puis de leur indifférence le rendait mal à l’aise. Et puis il y avait quelque chose d'autre, quelque chose de lourd dans l'air qui semblait remonter du sol, une impression sourde qui venait l'agresser jusqu'ici. Cela ne venait pas simplement de l'extérieur comprit il. Une forte odeur de mort se dégageait de la chambre et il porta un regard soupçonneux sur les charnières défoncées des volets.