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 posts pot doré: reflexion sur le temps

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Symmaque
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MessageSujet: posts pot doré: reflexion sur le temps   posts pot doré: reflexion sur le temps EmptyVen 30 Sep - 16:47

Atma le redoutable(15/6/04 9:11)Répondre: Réflexion sur le temps
Ouais bon. Je vous mets en ligne un texte que j'ai écrit pour IDFortes, le journal de Mensa IDF. L'article n'est pas encore paru. Y a certains trucs dans l'article que j'aurais pu peaufiner davantage, mais ça aurait peut-être rendu le texte trop lourd. Je vous le livre tel quel.

La conception du temps de l’homme et ses répercussions sur son comportement. C’est un incident survenu en janvier lors de mon dernier stage qui m’a donné l’idée d’écrire cet article. D’un ton qui ne laissait présager rien de bon, ma supérieure, qui n’avait pas l’air de m’apprécier beaucoup, m’avait demandé mon âge. Lui répondant que j’avais 25 ans, la perfide me fit remarquer que je devais me dépêcher de trouver du travail, car en commençant dès maintenant, je n’obtiendrais pas ma retraite avant l’âge de 67 ans, soit en 2045 ! Pauvre de moi… 2045, c’est quand même bien loin !En repensant à cette conversation plus tard, je me dis quand même que la réflexion de ma supérieure bien-aimée avait quelque chose d’absurde. Et si d’ici 2045, le régime des retraites changeait de fond en comble, voire, que le mot retraite disparaissait du vocabulaire courant ? Et si le système économique et social que nous connaissons actuellement évoluait au point d’être méconnaissable dans 40 ans ? Et si les Martiens ou les Zergs débarquaient sur Terre, et si je mourais l’année prochaine ? Tout ce que ma supérieure m’avait dit n’aurait alors plus aucun sens.En clair, ma tendre supérieure avait négligé un facteur dans son analyse : le temps. Or qu’est-ce que le temps ? C’est une dimension, celle qui marque l’évolution de la matière, une évolution continue qui fait que le monde est, à chaque seconde, en perpétuelle mutation. En poussant ma réflexion plus loin, j’ai cru me rendre compte qu’en fait, beaucoup de gens ont une mauvaise conception du temps et/ou refusent de le voir tel qu’il est.Je pense qu’en réalité, la conception du temps qu’ont les individus, et par extension, les sociétés, oscille entre deux extrêmes. La première tendance consiste à fusionner passé, présent et avenir et à penser que le présent et l'avenir seront toujours identiques au passé ("c'était vrai de mon temps, ça le sera toujours"), alors que la seconde consiste plutôt à instaurer des cloisons étanches entre passé, présent et futur ("je repars à zéro"). La première tendance décrite dénoterait une vision du monde immobile et se concrétiserait par un comportement plutôt passéiste. A tout problème qui se pose, l’individu cherchera alors une solution éprouvée dans le passé qu’il pensera forcément adaptée à la situation présente ou future. Ce type de comportement peut se voir dans tous les domaines. Pensez aux parents qui, pour résoudre un problème rencontré par leur enfant, appliqueront rigidement les mêmes recettes que celles que leurs propres parents ont appliquées sur eux. Concernant le domaine économique, je me souviens encore des économistes déclarant en 1999 et au début de l’année 2000 que nous étions partis pour 10 ans de croissance ! Je m’étais demandé alors s’ils avaient pensé aux répercussions que pourraient avoir de graves événements inattendus d’ordre politique ou économique. Peu de temps après, le crash des nouvelles technologies en août 2000 et les attentats du 11 septembre venaient porter un rude coup à la croissance. Les économistes avaient-ils pensé à inclure la théorie du chaos dans leur réflexion ? Quant aux militaires, dans l’Histoire, on ne compte plus le nombre de fois où ils ont préparé la guerre précédente. Pour prendre un exemple actuel, pensez au NMD (Nuclear Missile Defence), le futur système anti-missiles balistiques des USA. Il rappelle furieusement le projet « Guerre des Etoiles » de l’administration Reagan prévu pour assurer la défense du territoire américain contre la menace nucléaire soviétique. Or, depuis cette période, les ennemis des Etats-Unis ne sont plus du tout les mêmes et les menaces qu’ils font planer sur l’Amérique sont bien différentes de celles brandies par les Soviétiques durant la Guerre Froide. Dans ces conditions, le NMD des Américains risque d’être aussi utile que notre bonne vieille ligne Maginot à l’époque de la dernière guerre.Alors que la première tendance caractérise plutôt le « passéiste », la deuxième, à l’inverse est l’apanage du « révolutionnaire ». C’est le fantasme de la table rase. A tout problème qui se pose, on cherchera une solution en rupture complète avec le passé, qui sera intégralement rejeté et réprouvé au profit d’un futur utopique et idéalisé. Qui n’a jamais rêvé d’envoyer promener sa vie présente, de prendre un nouveau départ, de changer complètement ? Combien de personnes ont tenté l’aventure, pour finalement retomber dans les mêmes ornières que dans le passé ? Il ne suffit pas de fuir son passé et sa vie présente pour changer, car notre personnalité, notre attitude face au monde se sont forgées progressivement au cours de notre existence. En bref, notre passé est toujours en nous ; il continue à influencer fortement notre vie présente et notre regard sur l’avenir.Au niveau des sociétés humaines, on sait ce que les utopies révolutionnaires ont donné. L’exemple des Khmers rouges en est une illustration caricaturale. Inspirés par le modèle communiste chinois qui s’appuyait sur un prolétariat paysan, ils ont voulu nier le passé du Cambodge, notamment son passé colonial, et revenir à une société intégralement composée de paysans. Le résultat concret de cette politique est, qu’entre autres, les représentants de l’élite du pays ont été traqués sans pitié et qu’en tout, deux millions de Cambodgiens sont morts, soit …un tiers de la population de l’époque !Les deux conceptions erronées du temps que je viens de décrire sont donc deux extrêmes opposés, le juste milieu étant la conception « juste » du temps définie au début de cet article. Il serait cependant intéressant de se demander si ces deux tendances extrêmes ne peuvent pas coexister simultanément au sein d'un même individu ou d'une société. Si l’on étudie de près la mentalité des Soviétiques, on se rend compte que la coexistence simultanée des deux tendances est bien réelle. Très vite, en URSS, une logique ultraconservatrice, cristallisée autour des dogmes du Marxisme-léninisme et empêchant donc toute possibilité de remise en question du système soviétique, s’est juxtaposée à une logique révolutionnaire de transformation intégrale des sociétés humaines, voire de l’être humain lui-même. On peut très bien imaginer qu’en fonction des individus et des sociétés, l’importance des deux tendances peut varier. Chez certains, ce sera la tendance conservatrice qui prendra le plus d’importance dans la conduite de leur vie, chez d’autres, ce sera la tendance révolutionnaire. Il n’est même pas forcé que les deux tendances coexistent simultanément et perpétuellement au sein d’un individu ou d’une même société. Elles peuvent très bien alterner selon un mouvement de balancier. Par exemple, un homme qui conduirait habituellement sa vie en fonction de la conception passéiste du temps pourrait très bien, à un moment donné et sur un coup de tête, rompre complètement avec cette conception et avec sa vie passée et présente… pour mieux y revenir plus tard sans pour autant avoir réglé aucun de ses problèmes. Les comportements décrits plus hauts s’expliquent-ils seulement par une mauvaise conception du temps qu’aurait l’homme inconsciemment? Ce n’est peut-être pas sûr. Ainsi les comportements « passéistes » peuvent être motivés en partie par une peur de l’inconnu et de la mort et donc par un besoin de se rassurer. Il peut être terriblement angoissant de savoir que le monde évolue à chaque seconde, qu’aucun repère auquel on se raccroche n’est durable, que chaque nous rapprochons progressivement de la fin de notre vie. Ce qui rassure, c’est de croire qu’il est possible de fixer le temps, de penser que nous contrôlons le présent et l’avenir en les calquant sur le passé, que nous croyons connaître et maîtriser. Voici le schéma de ma vie : j’aurai mon bac à 18 ans et mon premier boulot à 25 ans, je me marierai à 29 ans, je serai retraité à 67 ans et je mourrai vers 75-80 ans. Tout est prévu, la situation est complètement sous contrôle. Le fait même de prévoir le moment de sa mort comme si c’était une formalité semblable à une autre permet de la dédramatiser un peu en évacuant la possibilité que l’on puisse mourir aussi bien demain que dans 80 ans.Quant aux comportements « révolutionnaires » qui dénigrent le passé et le présent , ils sont un excellent moyen de fuir ses responsabilités, et donc, d’éviter de se remettre vraiment en question. Ils donnent également une illusion de contrôle de sa vie et de l’évolution du monde en ce qu’ils sous-tendent l’idée qu’il est toujours possible de faire table rase de la réalité pour en créer une autre.Donc, ces comportements extrêmes ne sont pas forcément le fruit d’une conception erronée du temps qui serait inconsciente, mais peuvent être tout autant provoqués par un refus plus ou moins clair et conscient de la réalité, jugée angoissante et incontrôlable. Il n’est pas exclu que ces deux explications puissent se retrouver chez un même individu ou groupe d’individus, chacune pesant plus ou moins selon les cas.Néanmoins, quelles que soient les raisons de ces comportements, ce qui est sûr de mon point de vue, c’est qu’ils entravent l’évolution des sociétés et des individus qui la composent. Ils créent en effet un décalage entre l’évolution naturelle du monde, qui est permanente et progressive, et celle des individus et des sociétés qui peut osciller entre immobilisme et cassures destructrices.
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Symmaque
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MessageSujet: réponses:   posts pot doré: reflexion sur le temps EmptyVen 30 Sep - 16:56

cytoosine(15/6/04 15:29)Répondre Re: Réflexion sur le temps
Trés intéressant . vraiment .Néanmoins une question ... tu opposes attitude passéiste et attitude révolutionnaire. Tu expliques la 1ère par une angoisse de l'inconnu et dans le 2ème cas c'est pour fuire ses résponsabilités. Si les 2 attitudes sont différentes en soi, les 2 raisons que tu donnes me semblent être très proche. Auquel cas on pourrait avoir des attitudes très différentes face au temps (à la vie en fait ?) alors que le fondement pourrait être général et commun à tous: l'irrationnel et le questionnement existenciel générateur de doutes, angoisses...Je me fais bien comprendre ? et si oui , qu'en penses-tuAh...une deuxième question ! pourquoi ton mariage à 29 ans ??
A+

Atma le redoutable(15/6/04 16:06)Répondre Re: Réflexion sur le temps
Tout à fait d'accord, Cytoosine: les raisons des deux attitudes sont convergentes, ont la même base. Je voulais même le préciser dans mon article, mais j'ai oublié . Merde, ça veut dire que mon article pour Mensa sera légèrement incomplet. Trop tard, je l'ai rendu à la dernière limite, je ne peux donc plus le retoucher.>DJe n'oppose pas vraiment les comportements que j'ai décrits, les extrêmes sont souvent inextricablement liés et s'auto-nourrissent l'un l'autre. Même en politique, les extrémistes de gauche et de droite se ressemblent beaucoup plus qu'on ne pourrait le croire. (je ne leur dirai pas, je n'ai pas envie de rentrer chez moi dans sept petits paquets.)Le fait que les attitudes extrêmes que j'ai décrites puissent se retrouver au sein d'un même individu et d'une société montrent que leur fondement a de grandes chances d'être le même fondamentalement.Tu as sûrement raison quand tu cites l'irrationnel et le doute existentiel comme fondements de ces comportements. L'homme a besoin de se situer dans le monde et dans le temps, de se donner une image cohérente de lui-même. Il cherche à comprendre quel est son rôle dans le monde, pourquoi il est là.Je crois qu'il supporte mal le fait d'avoir, à ses yeux, peu de prise sur lui-même, sur sa vie et sur l'évolution du monde, d'où son désarroi face à l'existence. Du coup, de façon irrationnelle, il se donne l'illusion de contrôler les choses en se fabriquant une réalité distincte et en ne vivant plus que dans celle-là (monde ou vie immobiles, ou monde ou vie jetables). De là découle le refus de l'homme de voir la réalité en face et de s'y plier. Bref, le refus de se remettre en question, la facilité.Pour répondre à ta deuxième question , les statistiques françaises actuelles indiquent qu'en moyenne, les Français se marient à l'âge de 29 ans environ. Donc... rien de personnel!
AtmaEdité(e)(s) par: Atma le redoutable à: 15/6/04 16:27

Marmotte(19/8/04 20:35)Répondre: Se projeter dans l'avenir
La lecture de ton article a réveillé quelques interrogations en moi, puisqu'il m'a fait m'interroger sur mon propre rapport au temps.Je me demande comment il est réellement possible de se projeter dans l'avenir sans risquer de fantasmer complètement sa vie future, même si elle n'a rien d'original, étant donné que le nombre de facteurs qui régissent le cours de notre existence est infini, incommensurable et que nous n'avons aucune prise sur eux pour la plupart? Personnellement je ne peux jamais me projeter très loin dans l'avenir (quand j'avais huit neuf ans, je voyais mes 15 ans comme un âge limite, une sorte de frontière au -delà de laquelle il m'était complètement impossible de voir quoi que ce soit. Je n'imaginais même pas l'adolescente de 14 -15 ans que je pourrais être, à vrai dire, mais au-delà de cette "limite", c'était bien pire, j'avais l'impression que j'allais "partir", "disparaître", comme si j'allais tout à coup mourir forcément ou perdre mon identité de telle façon qu'il n'y ait plus aucune continuité entre le moi de mon enfance et le moi "d'après les 15 ans". Et depuis, chaque anniversaire, chaque année est une surprise. Mes 20 ans ne sont pas loin... et ben je ne les imagine pas du tout, mais alors pas du tout!!!) et si je le fais, je n'ai aucune image, aucune représentation concrète de ce que pourra être ma vie future, puisque par ex je n'ai vraisemblablement pas rencontré les personnes avec qui je vais vivre, ou travailler, que je ne sais pas du tout quel sera mon mode de vie, ni comment je vais évoluer, que ce soit physiquement ou "mentalement"... Je ne me sens pas spécialement passéiste non plus, même si grande nostalgique version fleur bleue finalement tout était bien (relecture manichéenne d'événements vraisemblablement originellement ni si blancs ni si noirs )... N'existe t'il donc pas, une fois qu'on a établi ce genre de constatations, d'autres façons d'envisager le rapport au temps que la simple alternative "passéiste/ révolutionnaire" ou "mix"?

Atma le redoutable(20/8/04 15:29)Répondre Re: Se projeter dans 'avenir
Bonjour Marmotte J'ai l'impression que, contrairement à la plupart des gens, tu as une conception "juste" du temps, celle que j'ai développée au début de mon article (le temps comme dimension).Vu le nombre infini de variables, tu sais que tu ne peux pas te projeter dans un avenir qui serait dans la continuité parfaite de ton passé ou en rupture parfaite par rapport à celui-ci.Néanmoins, lorsque tu dis qu'après 15 ans, tu avais parfois l'impression que tu perdrais ton identité, qu'il n'y aurait plus aucune continuité entre ton moi d'avant et d'après 15 ans, j'ai l'impression que, dans ce cas précis, tu avais plutôt la conception "révolutionnaire" du temps que j'ai développée. A savoir que l'image que tu avais de toi dans le futur était en rupture complète avec ce que tu étais alors, comme s'il y avait une rupture définitive à cet âge. Cette rupture n'a quasiment aucune raison d'être, vu que toute ta vie, tu ne fais qu'évoluer (et non changer intégralement), en fonction de ton passé et de tous les autres facteurs qui influent sur le cours de ta vie.Voilà, j'espère que ça répond en partie à ta question.
Bisous,Atma
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MessageSujet: Re: posts pot doré: reflexion sur le temps   posts pot doré: reflexion sur le temps EmptyVen 30 Sep - 16:59

oliverlr(29/8/04 20:49)Répondre Re: Se projeter dans l'avenir
J'apporte de l'eau au moulin à la réflexion d'atma par un article paru dans Libé le 21 août 2004. Où il apparait que le temps est une affaire toute personnelle...
Rencontre "L'infini, ce n'est pas une adresse. C'est là où nous sommes"Roman Opalka, fasciné par l'écoulement du temps, l'artiste polonais s'est attelé il y a quarante ans à peindre la suite des nombres en commençant par le 1. Dans une démarche visant à conceptualiser l'infini, son oeuvre intègre son portrait et sa propre mort, qui en marquera la fin.
Par Henri-François DEBAILLEUXsamedi 21 août 2004 (Liberation - 06:00)Comment avez-vous commencé ? Je me suis dès le départ intéressé au temps, au mouvement infini du temps. Entre 1960 et 1963, j'ai peint des toiles de différentes tailles et de différentes couleurs, a tempera, noir sur blanc, blanc sur noir, rouge sur noir. J'ai essayé de faire une expérimentation sur le temps, de peindre le temps. Je suis parti de l'idée du sablier ou de la clepsydre parce qu'elle nous donne une fausse idée. On s'imagine en effet que c'est répétitif parce qu'on tourne l'objet et qu'ainsi le temps est réversible, tout bêtement. Or, c'est complètement faux, puisqu'en fait les grains de sable vont toujours se positionner différemment et qu'on est immanquablement dans l'irréversibilité. Je titrais ces toiles «chronome», du nom du chronomètre, et je faisais des petites touches, des petites gouttes. J'étais un peintre-sablier ou un peintre-clepsydre, mais il n'y avait pas, dans ce travail, la fameuse flèche du temps. C'était l'époque de Gagarine, je me disais : lui, il tourne autour de la Terre et il est pourtant dans une sorte d'irréversibilité linéaire, celle-là même dans laquelle nous sommes également, c'est-à-dire une suite de causalités. Et puis, un jour, j'attendais ma première femme dans un café. Elle était en retard et le temps où l'on attend est extraordinaire parce que, enfin, on a le temps. D'habitude, lorsqu'on regarde sa montre, on court. Là, en regardant ma montre de temps en temps, j'étais libre. Libre de penser - eurêka ! - qu'il fallait passer des points que je peignais aux nombres parce qu'eux seuls pouvaient me donner ce principe de causalité et d'irréversibilité du temps.Vous avez donc décidé de peindre des nombres en partant du 1...J'avais alors 34 ans et j'ai pris cette décision difficile de créer une seule oeuvre pendant toute mon existence. Car cette démarche n'aurait eu aucun sens si je n'intégrais pas ma propre mort et mon corps. Il me fallait peindre l'espace d'une image irréversible du temps avec la pensée la plus rationnelle, la plus matérialiste puisque je suis agnostique. La suite des nombres s'y prêtait à merveille, car elle se réfère toujours à une unité en mouvement.Je me suis demandé si je devais partir du zéro. Mais à part le téléphone, rien ne commence par zéro, c'est impossible, il faut au moins quelques virgules. Le zéro n'existe pas. Dans un poème, Paul Valéry a écrit que nous venons de zéro et que nous allons vers zéro. C'est une belle image poétique, qui correspondait à une époque liée à une philosophie du néant, du rien, mais cela n'a rien à voir avec la réalité puisqu'on sait aujourd'hui que le rien n'est pas possible. J'ai donc commencé par le 1 et lorsque je l'ai peint, ce fut une très grande émotion que je ne pouvais partager avec personne : j'avais conscience d'une sorte de «naissance», d'un tout déjà existant. D'un point de vue conceptuel, l'oeuvre était déjà là, mais, comme le dit Blaise Pascal, il faut vivre la vie. Créer le début ne suffit pas, il faut aller au bout. Au départ, on m'a pris pour l'idiot du village : pensez, un type qui veut passer sa vie à peindre manuellement la suite des nombres. On me disait : prends au moins une machine à écrire ou un ordinateur (ils commençaient à exister).Pourquoi avez-vous décidé de les peindre en petite dimension ?Je tenais à la petitesse, sur un plan graphique, de ces nombres. Non par obsession, mais pour ne pas avoir la possibilité de les reprendre en cas d'erreur. C'est comme la blessure mécanique d'un corps : vous pouvez sauver le corps mais la blessure reste, comme une cicatrice. Face à ce corps qu'est la toile entièrement remplie, même une erreur - et je ne dis pas une faute - est vraie. Lorsque vous prenez une fausse direction dans une ville ou dans une forêt, il n'y a rien à faire. Vous le comprenez et vous pouvez réagir, ce que je fais en reprenant le nombre précédant mon erreur. Et cet espace-temps pendant lequel je me suis trompé reste comme une vérité de la structure.Et ensuite ?J'ai posé tout de suite le 2, je tremblais carrément, puis le 3, et ainsi de suite. Je me suis vite rendu compte que plus j'avançais et moins le chiffre couvrait le fond de la toile. Il me fallait régulièrement tremper le pinceau dans le gobelet de peinture blanche. Et là encore, ce geste qu'on pourrait penser répétitif ne l'est pas, parce que plusieurs facteurs entrent en jeu, l'humidité dans l'air, la densité de la peinture... Le résultat est toujours différent et cette différence porte le temps, ce temps qui nous rappelle l'idée qu'on va mourir. C'est là que l'homme est devant le temps.Alors on a souvent dit que je faisais toujours la même chose, ce qui est faux puisque ma démarche est comparable à la vie et que celui qui continue à exister ne se répète jamais. Et ce «faire la même chose» est pour moi une nécessité. Dès le départ, cette oeuvre portait déjà la conscience qu'il me fallait continuer cette dynamique, cette expansion de l'unité pendant toute une existence.A un moment, vous avez décidé d'introduire pour chaque nouvelle toile 1 % de blanc dans le fond gris. Pourquoi ?Jusqu'en 1972, le fond des toiles était d'un gris stable. Et puis, quand j'ai passé le premier million, j'ai introduit 1 % de blanc dans le fond de chaque nouvelle toile, pour montrer là encore cette notion d'infini. On se dit en effet qu'en ajoutant ainsi 1 %, au bout de cent toiles c'est fini. Mais non ! 1 %, c'est toujours quelque chose et jamais on n'arrivera à cette rencontre.L'oeuvre ne peut donc jamais être finie ?Je n'ai pas terminé mon oeuvre parce qu'il n'y a que la mort qui peut l'achever. C'est pour moi une évidence. C'est le fameux «la vie pour la mort» de Heidegger. La mort ici est conceptualisée, c'est un outil, un outil diabolique qui empêche de contester que cette oeuvre est toujours vivante. Je crois que c'est la première fois qu'un peintre réfléchit ainsi à la façon d'achever une oeuvre. Ma démarche est toujours assez existante pour être définie par le non-fini. Ce n'est pas une pirouette de langage, c'est simplement la conceptualisation d'une action, d'une démarche qui définit l'infini constant. Il ne s'agit pas pour moi de finir un objet ou une machine. La seule chose que je termine, c'est une toile, mais pour en redémarrer aussitôt une nouvelle puisque je ne peux pas peindre cet infini sur un seul tableau, car il serait d'une dimension impossible. Et j'insiste toujours sur le fait que toutes ces toiles ne sont qu'une oeuvre, que lorsqu'on en voit une on les voit toutes, c'est-à-dire le concept dans son ensemble, et qu'il s'agit bien d'un concept pictural, sinon j'aurais pu trouver d'autres solutions.Un jour, quelqu'un d'idiot a écrit dans un journal d'art que j'arrivais au blanc sur blanc et que mon travail était donc fini. C'est une aberration, c'est ne pas avoir compris que ce n'est pas pour rien que j'ai titré cette oeuvre Opalka 1965/1 - °. L'infini est inatteignable. Jamais je ne vais pouvoir me dire : ça y est je suis arrivé, tant que je vivrai. Et si j'allais jusqu'à 120 ans ! La perspective est là, dans cette idée de l'infini par le non-fini. L'infini, ce n'est pas une adresse. C'est là où nous sommes, c'est l'infini de la projection dans l'espace-temps. C'est je suis ici, le repère c'est moi et il n'y a pas d'autres repères.Vous n'êtes pourtant pas loin d'arriver au blanc sur blanc, c'est-à-dire une quasi-adéquation entre le blanc des nombres et le blanc du fond .Oui, mais c'est un blanc sur blanc au niveau rétinien, mais sur le plan de l'infini, jamais. Il y aura toujours cette traînée. Comme celle d'une comète qui passe et dont on dit d'ailleurs qu'elle transporte la vie, qu'elle est un camion de vie. Et là, ce camion de vie, c'est le pourcentage de blanc. En outre, cette histoire de blanc a une qualité sur le plan émotionnel. Emotionnellement, ce blanc des nombres est là et on le sent. Car chimiquement ce sont deux blancs différents, du blanc de zinc pour le fond et du blanc de titane pour les nombres. Même minime, il y aura toujours une différence. On me soupçonne de ne plus faire de la peinture, alors que justement c'est enfin de la peinture. Car c'est bien de peinture par excellence que je parle, avec cette recherche d'un blanc strictement pictural. Plus blanc que blanc. En sachant que le vrai blanc n'existe pas. L'image, ce n'est que de la lumière. Tous les peintres ont été fascinés par elle. C'est le sfumato de Léonard de Vinci, le plus extraordinaire concept qu'on puisse penser concernant la création d'une image. C'est ce que j'appelle, moi, le «sfumato d'une existence». Alors ce n'est pas parce que j'arrive soi-disant à ce blanc sur blanc que je vais m'arrêter. Au contraire, ça ne se voit pas mais je continue. Comme un être veut continuer à avoir la conscience d'être dans le monde - cette unité ontologique dont parle Parménide -, comme l'approfondissement d'une vie signifie être dans le même espace-temps. En plus, mes deux blancs ne pourront jamais se rencontrer.C'est-à-dire ?Comme le 1 % par rapport à cent toiles, la rencontre est impossible. Je dis toujours que c'est la rencontre par la séparation. Cela se rapproche du fameux paradoxe d'Achille et de la tortue (1). Quoi qu'il fasse, Achille ne peut pas rattraper la tortue parce qu'il y a entre eux un espace-temps infiniment gravé dans le mouvement. Un espace-temps dans lequel quelque chose s'est passé, un espace-temps sans limite. Ce n'est pas l'espace cosmique, les galaxies, etc., mais c'est le fait d'être dans le monde, dans le temps. Notre cerveau relève d'un temps thermodynamique. Il a un temps infini, il n'a pas de frontières. Celui qui meurt est mort pour nous mais il n'est pas mort pour lui-même. En ce sens, on est éternel. Comment voulez-vous qu'il sache qu'il est mort ? A moins, peut-être, de croire en quelque Dieu, ce qui n'est pas mon cas. Comme il ne sait pas, il ne va jamais connaître cette «rencontre par la séparation».Parallèlement, vous photographiez régulièrement votre visage, toujours dans la même pose, et là aussi pour constater le passage du temps. Quel rôle ont ces photos par rapport à la peinture ?A un moment, la question suivante s'est posée : que faire du temps lorsque je dors, lorsque je voyage, en gros, lorsque je fais autre chose que peindre ? Comment visualiser ce temps concernant ma propre vie ? L'idée de faire le plus régulièrement possible un cliché de mon visage s'est alors imposée. Ma tête est donc devenue un repère, puisqu'elle est constamment modifiée par le temps. Le temps fait son travail et la mort conceptualise ce mouvement. Les photos font directement voir le déroulement visuel du temps, elles montrent clairement cette évidence qu'est le fatum du temps qui avance, du vieillissement et de la mémoire.A quel rythme les prenez-vous ?Pas tous les matins ! Si j'ai un bouton sur le nez, je ne le fais pas. Il faut que je sois chez moi pour qu'elles aient toujours le même cadrage, la même lumière et le même arrière-plan. Comme dans mes toiles, le blanc domine. J'ai la chance d'avoir depuis longtemps les cheveux blancs et ce n'est pas par hasard que, dans ces clichés, je porte toujours une chemise blanche. J'ai, en plus, besoin de me concentrer pour avoir toujours la même expression, avec ce regard que certains ont qualifié d'«intérieur». Un terme que je n'aime pas parce qu'il réfère à une pensée bouddhiste, alors que je suis un matérialiste qui n'a rien à faire avec un quelconque aspect religieux, mystique, ésotérique. Je préfère de loin l'aspect métaphysique, c'est-à-dire la physique au-delà de la physique.Quel effet cela vous fait-il de vous voir ainsi vieillir en photo ?Je pense évidemment à la mort, mais ce n'est pas une surprise puisque ma démarche est fondée là-dessus. Et la mort est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. Une mauvaise, parce qu'elle n'est pas une pensée agréable. Mais là, nous sommes tous confrontés à ce qui reste encore le plus grand suspense. Une bonne, parce que c'est fantastique de se dire que grâce à elle vous avez défini un concept et créé une oeuvre qu'elle seule peut achever. C'est peut-être là une diabolique définition d'une oeuvre où la mort est enfin mise au travail. (1) Paradoxe ou aporie montrant que la division de l'espace et du temps ne peut avoir de terme : Achille ne rattrapera jamais la tortue car, parti après elle, chaque fois qu'il atteint un endroit où elle est passée précédemment, celle-ci s'est déjà déplacée.
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MessageSujet: Re: posts pot doré: reflexion sur le temps   posts pot doré: reflexion sur le temps EmptyVen 30 Sep - 17:02

Esteban(30/8/04 1:25)Répondre:mais..réflexions sur le temps
Atma, Je viens de relire ton article, et je pensais à cette conception du temps où on revient toujours à zéro, et à cette expression débile: "recommencer". Imaginions que vous commenciez des études et qu'au bout de quelques années vous changiez de voie. Pour les gens, vous recommencez tout à zéro, même pour vous, car vous vous dites que ce que vous étiez en train de construire s'écroulait et qu'il n'en resterait rien. Mais personne ne voit que vous avez évolué, que vous avez appris, vous comme les autres etes des matérialistes en puissance puisque vous voulez du concret sous forme de diplômes, de tests, de cv, etc.Une de mes amies n'arrivaient pas à quitter son mec parce qu'elle avait l'impression d'une regression, ou comme les jeunes contraint de revivre chez leurs parents, d'un retour en arrière. (comme si c'était possible...dommage cela dit) Et plutot que de trouver le bon, elle s'acharne avec celui-ci pour ne pas s'avoué qu'elle s'est trompée et parce qu'elle se dit que sinon c'est 10 ans de sa vie qui partent en fumée, 10 ans de sa vie balayé d'un revers de main. Et encore une fois, le matérialisme qui pointe le bout de son nez, car tant qu'on ne se marie pas, c'est comme si on ne construisait rien et tant qu'on n'a pas d'enfant, c'est pareil, j'ai deja entendu ce genre de reproches à des couples mariés! C'est seulement l'union de deux personnes le mariage, il n'est aucunement question d'enfants...De plus, 2 personnes, c'est déjà une famille.Avec la société c'est la même chose, on refuse de la repenser pour cette même impression de balaiement de plusieurs génerations, comme les institutions (education nationale, la constitution etc.). On refuse de reprendre à la base pour ne avoir cette impression de régresser.L'habitude est un grand ennemie du temps, les gens s'habituent à la manière dont se passe tel ou tel genre d'évènement et ne se rendent pas compte que rien que le fait qu'ils ne soient pas produits au meme moments, les évènements en question sont différents. Par conséquent, 2 moments ne se ressemblent pas. Ce qui nous amène aux journées, à qui nous donnons des noms et où au dernier jour, nous revenons au premier jour de la semaine. Insidieusement, cela nous fait refaire inlassablement la même semaine tout au long d'une vie. Et après on s'étonne que les gens ont une mauvaise conception du temps!! On s'emprisonne dans notre propre mesure du temps!Dans "zelda, majora mask", link doit sauver le royaume dans lequel il se trouve de la lune qui doit tomber au bout de 3 jours. Pour sauvegarder son avancée dans le jeu, il faut jouer la chanson du temps et revenir au 1er jour, mais à chaque fois que l'on fait ça, meme si les nouveaux pouvoirs acquis dans les temples sont conservés, les temples ne le sont pas, c'est comme si on avait rien fait parfois. Il faut en tout cas en refaire un peu pour arriver aux avantages de la fin du temple. Grr.. Comme une semaine ordinaire quoi... Je pense qu'il faut aussi faire attention à la definition du temps en tant que suite d'évènements. Et si le temps est une suite d'évènments ou de moments, y-a-t-il un lien entre eux?où sont-ce des moments indépendants les uns des autres? (grr..encore cette notion de causalité...)Pensons à cette chère "Alice aux pays des merveilles" qui quand la chenille lui demande "qui êtes vous?", elle répond "ça je ne sais pas, j'ai changé si souvent depuis ce matin que je ne sais plus qui je suis", et demandons-nous si Alice a changé? Il lui est certes arrivé plein de choses (saugrenues, est-ce que ça joue? je pense que oui) qui ont eu un impact sur elle mais malgré tout, elle reste toujours Alice. Elle reste toujours Alice parce qu'on la reconnait. Les évènements n'ont pas d'impact sur le temps, il reste inchangé et continu, même si je suis d'accord avec l'idée que le temps, c'est le mouvement.(c'est d'ailleurs la 4e dimension)mais là aussi on le reconnait. En astrophysique, le temps est différent parce que la relation qu'il a à la matière et à l'espace aussi. Et dans ces circonstances, tout est lié et tout influe sur tout presque qu'équitablement mais pas à notre échelle.Mais finalement vu tout change, peut-on dire que le temps change, s'il n'y a pas de comparaison possible? Et s'il y a du mouvement, y a-t-il de l'arrêt? Quand j'étais petit, je m'amusais à bloquer l'aiguille des secondes des pendules en me disant:" j'arrête le temps". Comme si les horloges faisaient le temps. comme si la mesure du temps le définissait. D'ailleurs le temps a-t-il un rythme? Pour nous oui, mais dans l'absolu?Je ne sais pas quelle notion j'ai du temps. Je me dis souvent que je n'en ai pas. en est-ce déjà une? Quand je pense à l'avenir, je me projette, mais je me projette tel que je suis maintenant (jusqu'aux fringues que je porte) dans une image dont je ne sais pas si elle arrivera dans longtemps et dont je ne sais pas si elle est "temporisée". Mais même les souvenirs que j'ai ne sont pas vraiment les images du passé. Alors peut-on espérer avoir une véritable notion du temps? j'en doute. Chacun la sienne, chacun sa perception j'imagine.J'aime cette conception de rupture car elle est génératrice de changement et c'est ce qui fascine le plus les gens dans leur vie: le changement. Rompre avec sa vie passée, c'est rompre avec ses habitudes donc rompre avec la forme. Mais comme tu le dis, on ne rompt pas avec ce qu'on a été, avec le fond, il en reste toujours un ptit quelque chose. Mais on espère que rompre avec l'un entrainera l'autre. Et on a pas tort..notre façon de vivre influe elle aussi sur ce qu'on est. je dis ça parce qu'il y a souvent eu des ruptures dans ma vie, des ruptures dans mon style de vie, des ruptures dans ce que je suis. (Pour revenir à ce que je suis? peut-etre? mais qui suis-je? étais-je plus moi-meme avant? ou plus moi-meme maintenant? ). Je suis toujours moi, comme Alice, mais tout a eu un impact sur moi, rien que quand je m'éloigne de chez moi je ne suis plus le même... Toujours un besoin de renouvellement, en tout cas (j'aime pas les mots en "re" comme ça, c'est traitre puisqu'on ne "refait" rien.). Peut-etre parce que je sens trop l'habitude, je sens trop le ton monocorde du temps et j'essaie d'influer sur lui, pas directement mais à ma façon. Ce qui rejoint le post d'Oliverlr, où le gars arrive à introduire le concept de la mort dans sa propre oeuvre.Il se l'approprie.
esteban
Edité(e)(s) par: esteban à: 30/8/04 1:54

Esteban(30/8/04 2:43)Répondre:mais...reflexions sur le temps 2
Il soulève une bien bonne question. S'il veut conceptualiser l'infini, cela veut dire que l'infini n'existe que s'il est incarné, comme tous les concepts. Rien ne reste abstrait, tout se represente dans un monde matérialiste.L'irreversibilité. Voilà une question qui me taraude depuis des années. le temps suite de causalités(comme il dit). les gens voient remonter le temps comme voir l'évènement B avant l'évènement A. Moi je le vois comme remonter à l'évènement A et ensuite voir s'écouler l'évènement B. (cf: voir "retour vers le furtur 2, et le dessin explicatif de Doc.). Ba oui comme ça on peut changer le cours des choses...comment changer et comment remonter un évènement B si l'évènement A ne c'est pas encore produit? Cela impliquerait qu'il n'y ai pas de relation de cause à effet. Car voir A et B c'est se dire qu'ils sont liés mais qu'il faut que A se produise avant B. Là, ça voudrait dire que B doit se produire avant A.. Or encore une fois, nous n'avons pas vu le lien entre les deux évènements, juste la suite de 2 évènements. On a tendance a penser que les erreurs s'effacent, alors qu'elles font parties de la réalité et s'y intègrent pleinement, je suis tout à fait d'accord avec lui.Il rappelle aussi que le même geste répété n'est jamais le même,(faut vraiment faire gaffe au vocabulaire qu'on emploie, je ne me le dirai jamais assez!) d'ailleurs le résultat qu'il obtient en est la preuve puisqu'il n'a jamais la meme chose. Souvenez-vous de "jurassic park", quand le Pr Malcom explique la théorie du chaos en mettant l'accent sur l'imprévibilité. Là c'est : "ce geste qu'on pourrait penser répétitif ne l'est pas, parce que plusieurs facteurs entrent en jeu, l'humidité dans l'air, la densité de la peinture... Le résultat est toujours différent et cette différence porte le temps..."-"Je n'ai pas terminé mon oeuvre parce qu'il n'y a que la mort qui peut l'achever."-"La mort ici est conceptualisée, c'est un outil, un outil diabolique qui empêche de contester que cette oeuvre est toujours vivante. Je crois que c'est la première fois qu'un peintre réfléchit ainsi à la façon d'achever une oeuvre."-"Et j'insiste toujours sur le fait que toutes ces toiles ne sont qu'une oeuvre, que lorsqu'on en voit une on les voit toutes, c'est-à-dire le concept dans son ensemble, et qu'il s'agit bien d'un concept pictural, sinon j'aurais pu trouver d'autres solutions."-"Celui qui meurt est mort pour nous mais il n'est pas mort pour lui-même. En ce sens, on est éternel. Comment voulez-vous qu'il sache qu'il est mort ?" -"Et la mort est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. Une mauvaise, parce qu'elle n'est pas une pensée agréable. Mais là, nous sommes tous confrontés à ce qui reste encore le plus grand suspense. Une bonne, parce que c'est fantastique de se dire que grâce à elle vous avez défini un concept et créé une oeuvre qu'elle seule peut achever. C'est peut-être là une diabolique définition d'une oeuvre où la mort est enfin mise au travail." un ptit mix des phrases qui m'ont le plus percuté. J'adore ce principe de concept philosophique traité artistiquement, alors ça, ça m'éclate!! Merci Oliverlr!!C'est la première fois que je vois quelqu'un d'aussi investit dans une recherche, parce qu'elle fait vraiment partie de sa vie. Elle est sa vie...-"C'est je suis ici, le repère c'est moi et il n'y a pas d'autres repères." C'est quand même ma préféré celle-là. Elle pourrait d'ailleurs résumer l'existentialisme, c'en est le grand principe.Le temps introduit toujours la notion de début et de fin. C'est bizarre compte tenu que nous n'avons jamais assisté ni à l'un ni à l'autre. Je me demande ce qui nous pousse à le penser. est-ce la naissance et la mort? Alors que nous n'avons même pas conscience des nôtres. D'ailleurs c'est toujours en cours de route que ces évènements ce sont produits. Des avatars de début et de fin, mais les absolus restent inaccessibles...
esteban
Edité(e)(s) par: esteban à: 30/8/04 3:06

Esteban(2/9/04 20:55)Répondre:mais...reflexions sur le temps 3
Je me dis que le temps c'est tres intuitif. Un ressenti, plus que quelque chose de mécanique. Par moment on regarde sa montre et on se dit "quoi? deja cett heure là?" parce qu'on aurait voulu que le temps ne passe pas si vite. et des fois c'est l'inverse, on aimerait dejà etre au matin.Comme si le temps avait plusieurs dimensions à l'échelle humaine.Le temps réel : celui qu'on mesure à l'aide d'une montre etc.Le temps ressenti : celui ou se dit "quoi deja cette heure là?"Le temps intuitif: Celui ou on essaye de se le representer Le temps physique: Celui on se demande si il n'y aurait pas une particule du temps...
esteban (un peu dans les choux, je sais pas si je suis clair...)
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