Je répond avec quelques mois de retard, mais "mieux vaut tard que jamais".
En fait, je me rends compte que ma vision globale d'un paysage, est trop rapide, je ne m'attarde pas vraiment sur ce que j'observe, étant donné que ça me semble limpide au tout premier coup d'oeil. (je le vois en dessin que ma vision est beaucoup trop globale).
Il y a aussi un besoin de surprise, là je l'imaginais tourner le dos à son sujet parce que l'angle qu'il aurait eu si il l'avait regardé ne lui aurait pas plus. Il attendait vraiment d'être à l'endroit où il pensait que l'angle serait "parfait". Il sait instinctivement, intuitivement où se retourner pour le trouver.
Je pense que c'est dû à cette faculté de pouvoir manipuler l'espace dans sa tête, à savoir, par exemple, quand je regarde un paysage, j'arrive à me representer ce qu'il donnerait sous un autre angle...(Je ne me demande plus pourquoi j'ai envie de faire du cinéma apres ce que je viens de dire,
)
Cette impression que le paysage existe dans sa tête avant d'exister dans la réalité doit venir de là. Une fois vu, il est intégré et se manipule très facilement. Il ne compte que si cette manipulation mentale est faite, sinon, le paysage n'a aucune valeur en soi, je dirai, il ne devient important que quand il procure une impression, un sentiment, une idée, une inspiration etc.
De plus, j'aime les gens qui ont une touche personnelle, reproduire un paysage tel quel me semble inutile, donc je conçois que je tenterai toujours de glisser dans les paysages que je vois d'autres choses qui n'y sont pas. Ce n'est plus de l'impression mais de la surimpression. Mes paysages deviennent une association de plusieurs choses, qu'elles soient réelles, qu'elles existent dans un autre paysage, ou imaginative.
Pour ceux qui ont reconnu, il s'agit d'une vue d'ensemble du chateau de Versailles, mais le petit pont de bois et les fleurs n'y existent pas, j'y ai aussi gommé quelques détails.
C'est marrant cette idée de la pensée magique comme tu le décris pour "l'histoire sans fin". Les premiers hommes faisaient la meme chose sauf qu'au lieu d'utiliser le langage, vu qu'il ne parlait pas encore un langage articulé comme aujourd'hui, il se servait du dessin. Une fois inscrites dans la roche, les représentations tenait lieu de pensée magique, c'était une façon de perpétrer ce que la nature faisait déjà, un peu comme si on priait pour que le soleil se lève encore demain et le faire ainsi tous les jours.
Je pense que l'Homme n'a pas perdu cette manie, et qu'il ne la perdra jamais, peu importe où en seront ses connaissances sur le monde. Sa rationnalité et sa perception n'étant presque jamais en adéquation, il aura toujours ce penchant pour l'idée qu'il peut contrôler ou du moins influer sur le monde.
- Citation :
- Ici, le peintre, en "dégainant" ses pinceaux et en produisant le paysage sur sa toile, le crée dans la réalité. Puis la réalité et la reproduction se mêlent et se confondent. On ne sait plus qui ou qu'est ce qui est à l'origine de quoi.
C'est justement un de mes gros problèmes. Je n'arrive pas à séparer les choses les unes des autres tellement tout me semble entremêlé, et lié.
Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles je ne sais pas m'organiser, pour lesquelles je ne sais pas faire un plan, parce que séparer, isoler les données, les objets etc. me semble d'une stupidité sans nom, ça me semble être véritablement un non sens. (je me suis éloigné de la science à cause de ça)
Mais il me faut bien reconnaitre que ça ne m'aide pas de voir les choses comme ça. C'est mon cerveau droit qui est synthétique et non analytique qui m'handicape à ce niveau là. Je devrai arrêter de négliger le gauche, il peut-etre très utile aussi quand on sait le gérer. Mais ça commence à venir, même si j'ai encore du mal, je comprends petit à petit à quoi sert l'organisation, ce qui est une très bonne chose et un grand pas vers l'application.
- Citation :
- Puis le peintre, porté par le paysage qu'il reproduit finit par se perdre dans sa création, à ne plus la maîtriser comme si elle avait une vie propre qui ne dépendait plus de lui, comme si, d'une certaine manière, sa création finissait par lui échapper.
c'est peut-etre ce qui fait le plus peur car je me dis qu'un créateur n'est pas différent des premiers hommes dont je parlais plus haut. Il a lui aussi sa pensée magique et cherche avant tout, s'il ne peut avoir une emprise sur la réalité, en avoir au moins une sur la sienne. Or s'il s'aperçoit qu'elle lui échappe également, on peut imaginer l'état d'angoisse dans lequel ça le plonge.
Faire le deuil du contrôle prend un certain temps, il devra probablement faire beaucoup d'essais avant de se rendre compte que sa création lui échappe et que plutôt que de lutter contre, il vaut mieux qu'il s'en serve. L'accepter lui redonnera une impression de contrôle qui l'effraiera beaucoup moins et qui lui permettra de créer de nouveau, en aimant l'idée qu'il sait qu'il ne sait pas ce que ça va donner.
Je me demande si ce n'est pas le processus qu'à suivi Bacon...
Une autre peur liée à cette façon instinctive de créer reste celle de tourner toujours autour des mêmes thèmes, de ne jamais se renouveller et de trop rester centré sur soi même.
Après tout si l'imagination n'arrive pas à nous faire sortir de nous mêmes, qu'est-ce qui y parviendra? Mais peut-etre devons nous en accepter l'idée si notre but est de créer, qu'elle soit vrai ou fausse, là n'est pas la question, c'est la peur qui y est associée qui nous bloque, ne plus avoir peur de l'idée même si on la sait fausse est une catharsis indispensable, je pense.
Symmaque