La solitude

Voici un texte trouvé sur le net, on me l'a envoyé. Qu'en pensez-vous?



Jacqueline Kelen Ecrivain, elle est notamment l'auteur de “L'Esprit de solitude” (La Renaissance du Livre, 2001), “Le Désir” (La Table ronde, 2003), “Marie-Madeleine ou la beauté de Dieu” (La Renaissance du Livre, 2003).

« Je me sens plus vivante et plus vaste lorsque je suis seule. Cette constatation peut dérouter, et elle m'interroge. Je ne suis pourtant pas revêche, j'aime les rencontres, la conversation, le rire, et je suis riche de belles amitiés. Déjà, enfant, au moment de Noël, j'avais souvent une angine, ce qui me permettait de rester tranquille, quoique fiévreuse, dans ma chambre, avec des livres et mon chat, et de ne pas participer aux repas de famille. Je me sentais bien alors, et pas du tout isolée. Trop souvent, les humains occupent le paysage au point de voiler les autres présences, de dissiper les menus bonheurs du jour. Ils sont si bavards, si contents d'eux, ils envahissent tout l'espace. Or quand on se retrouve seul, c'est-à-dire sans présence humaine, toutes sortes d'autres présences apparaissent qui méritent notre attention, notre affection : les arbres, les animaux, le ciel, les nuages, la lumière, le silence… A celui qui se dit seul au monde, le monde s'offre en entier.

Le goût pour la vie solitaire ne m'a jamais quittée. J'ai eu l'expérience de la vie de couple et du mariage. A la façon dont le devin Tirésias, selon le mythe grec, avait vécu sous forme masculine puis dans un corps de femme et pouvait comparer les deux états, je puis assurer qu'on vit plus intensément, plus éperdument aussi, dans la solitude que dans une vie “à deux”. Seule, je me sens entière, disponible, en marche. J'ai l'impression que mon histoire n'est pas écrite, que mes jours ne sont pas rangés. J'échappe à l'ordinaire, à la vie qui me semble vie commune (“ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants”).

Il est amusant de savoir que les plus beaux textes vantant le mariage furent écrits au Moyen Age par des moines : eux, ils se réservaient le luxe d'une existence silencieuse consacrée à l'étude et à la méditation, mais ils encourageaient les autres à s'apparier, à vaquer dans le siècle… Pour ma part, je ne dirai pas, comme Boris Vian : “Ne vous mariez pas, les filles”, mais “Connaissez-vous d'abord, explorez votre singularité”. Cette expérience apprend qu'il n'est de recours qu'en soi, pas en dehors, pas en suivant ni en imitant quiconque. Quel appel d'air !

Beaucoup de gens pensent que la solitude équivaut à un manque d'amour, à une absence de relations. Et qu'une femme seule est à plaindre ou bien à redouter : soit elle est peu séduisante, elle a été quittée ; soit c'est une mante religieuse, une femme trop forte pour garder un homme à ses côtés. Les stéréotypes ont la vie dure, et ils se voient renforcés à notre époque qui ne jure que par l'aide, l'assistance, le partage et l'accompagnement, qui se préoccupe de “comment vivre ensemble”, mais non pas de “savoir vivre seul”. Ainsi, on continue d'aborder la condition solitaire avec la norme du couple et de la famille, au lieu de mesurer cet état à l'aune de l'individu. Or la solitude ne s'oppose pas à la vie conjugale, familiale ou collective, mais bien à la dépendance, à la servitude et à la finitude. Il y a une noblesse qui s'attache à toute solitude – choisie ou subie –, une verticalité possible, tandis que la vie de couple est guettée par l'uniformité, par l'autosatisfaction ; tandis que la vie de famille se voit menacée par la promiscuité, le parasitage, la répétition ; tandis que la vie collective est livrée aux tentations du pouvoir, de la violence, de la régression. C'est comme si dans la solitude l'individu n'avait aucune échappatoire, aucune excuse non plus : il est sommé de faire quelque chose de sa vie, il est invité à s'interroger, à inventer, à se dépasser. Kierkegaard évoque très justement “la terrible responsabilité de la solitude”.

Non seulement une vie solitaire favorise la réflexion, la création et la rêverie, mais je la ressens comme l'état le plus propice à la ferveur. C'est une vie ardente, une joie emplie de gravité. C'est se tenir dans le désir plutôt que de chercher à étreindre. C'est préférer la liberté à toute sécurité. Nombreuses encore sont les femmes qui croient qu'un compagnon ou un nouvel amour va briser leur solitude, mettre fin à leur tristesse. Comme si l'autre n'existait que pour leur procurer bonheur, bien-être, paix. Comme si un homme avait pour rôle de remédier à leurs manques, de répondre à leurs rêves. Une vie en solitaire évite toute tentative d'accaparement, elle délivre de l'illusion de posséder l'autre, de ne pouvoir respirer sans lui. Elle permet aussi de sauvegarder la fraîcheur du regard, du désir, elle laisse l'étonnement intact. Mélusine le savait, qui avait demandé à son époux Raymondin la faveur d'avoir un jour de la semaine pour elle toute seule. Non qu'elle l'aimât moins, mais afin de lever, de laver les habitudes.

Enfin, pourquoi est-il si reposant de vivre seul ? Ce n'est pas parce qu'on va à sa guise, selon son rythme. Il faut voir plus profond. Dans la vie solitaire, le petit moi n'a plus de raison d'être, les masques tombent. Quand un être se retrouve vraiment seul, il se fait oublier du monde, il disparaît. Il en advient une paix, une ouverture magnifique qui fait place à tout le reste. Le chemin spirituel – ce passage de l'isolement à la solitude – n'est rien d'autre que cet effacement du petit moi. Dès lors, l'être solitaire ne se sent séparé de rien ni de personne, il est au cœur de la beauté et de l'amour. »

Elle l'explique assez bien, dommage qu'elle doive pour sa démonstration, parler de çui là comme ça, ça comme ci mais bon, elle sait communiquer il faut croire. Je n'aime pas quand elle essaie de convaincre que la solitude soit un mode de vie intéressant, c'est mieux d'avoir un homme sous la main pour pouvoir faire plein de choses amusantes. On dirait qu'elle ignore que l'amour réciproque et l'émulation duesk existent.
Je trouve qu'un bon stage de solitude devrait être obligatoire par contre, genre service civil mais là ce serait solitude (mais bon toujours cette analogie avec la vie monastique et c'est pas trop la mode et si ça le devenait ça deviendrait louche car les gens sont tous contre ces pratiques apparentées, faut présenter cela avec d'infinies précautions sans doute pour cela qu'elle parle si vite d'altérité et touuut mais elle a raison de moquer le "partage", "l'échange" je trouve que rendu obligatoire, ça pue et on dirait une gelée molle les gens ensemble parfois) paske tout le monde pompe tout le monde. Du moins les femmes seules qui veulent pas être seules, c'est trop des pompeuses. Moi aussi, mais autrement.
J'aime bien les hommes solitaires mais non ceux qui ne le savent pas, qui seraient plutôt du genre solitaire mais se forcent.
Cela dit la solitude librement consentie est positive et non la solitude forcée. Et quand on est solitaire c'est rigolo : les sensations sont amplifiées, on est trop loup-garou quand on revient au monde. Des fois, je n'arrivais pas à parler même. De toutes façons, le langage commun m'échappe un peu, on me pose ds un amphi ça fonctionne, on me pose à côté de gens qui parlent de leurs amis, ou de sorties, ou de voitures, j'ai l'impression que c'est une conspiration à mon encontre.

j'aime bien ce qu'elle dit sur la solitude, j'suis moi même assez solitaire donc forcément... mais j'aime pas la façon dont elle semble desaprouver l'inverse (gnagna l'epoque du vivre ensemble et de l'assistance...), la solidarité c'est bien aussi.

Oui, la solidarité faut éduquer les gens à cela.

Mais parfois parlant à l'un ou l'autre, je me rends compte qu'il y a une culture psy et d'autre part, qu'on attend "d'avoir bonne mine" "d'être en phase d'équilibre" sinon on a l'air trop perso, on n'est pas capable "d'échangeeer" on n'est pas fichu "de recevoiiiir" on peut pas "partager". Toutes choses qui présentées moins clothuchement, me sont naturelles. Ce fut d'ailleurs du boulot car ma mère était un peu preneuse de place et mon père le gros blagueur de service et moi je pleurais tout le temps en me disant que quand z'auraient fini de me pomper, je pourrai être un compromis entre la positive attitude, mon hystrionisme folie des grandeuresk et ma sériosité un peu compassée qui me sert de couverture en cas de malaise. Moi je voudrais que tout le monde soit grooooooooovy. On peut toujours rêver. La seule chose je peux pas hurler "je veux la paiiix" alors je zappe et j'ai ma ptite bulle.
J'suis désolée euh, je suis tellement solitaire que mon miroir peut me dire "tiens t'es encore plus superbe qu'hier, spèce de beauté toi".
Mais bon, je m'en fous de ce que j'ai l'air d'être. Quand je dis qu'elle est une bonne communiquante elle est obligée de parler ainsi, elle peut pas être hystéro comme un alain soral. On lui dirait haha vous avez un utérus. Elle peut pas être groovy non plus.
Tout à l'heure j'ai vu une émission de cuisine canadienne, un gars et une femme faisaient à manger, les sous-titrages disaient un autre texte, ils parlaient de Kant puis passaient à un dialogue intime entre un homme et une ptite femme fragile à états d'âmes car ils quittaient leur maison chérie pour déménager. C'est très étrange car en principe on n'utilise pas ce procédé en "communicant" il doit y avoir un seuuul degré de lecture. J'ai bien aimé. C'était enlevé.

je n'ai pas la meme impression que toi iblis.

Citation :

Pour ma part, je ne dirai pas, comme Boris Vian : “Ne vous mariez pas, les filles”, mais “Connaissez-vous d'abord, explorez votre singularité”.

Citation :

Or la solitude ne s'oppose pas à la vie conjugale, familiale ou collective, mais bien à la dépendance, à la servitude et à la finitude.

je trouve qu'elle explique très bien son ressenti sur la solitude et le stéréotype que les gens peuvent en avoir.

Citation :

Je n'aime pas quand elle essaie de convaincre que la solitude soit un mode de vie intéressant, c'est mieux d'avoir un homme sous la main pour pouvoir faire plein de choses amusantes. On dirait qu'elle ignore que l'amour réciproque et l'émulation duesk existent.

elle dit avoir été mariée. et elle dit simplement qu'il faut se connaitre d'abord (cf plus haut)

Personnellement, la solitude, j'aime ça, j'aime etre seul pour aller au cinéma, me promener et faire d'autres choses qui habituellement se fait en compagnie parce qu'on pense que c'est plus amusant comme de voyager par exemple.
j'aime aussi la compagnie mais à petite dose. et puis ce que tu dis sur l'homme ça me rappelle ce que tout le monde dit de l'amour en général, on regarde ce que ça nous apporte jamais ce que nous on peut apporter. et moi l'amour comme ça ne m'interesse pas, je trouve l'amitié beaucoup plus basé sur l'échange et c'est pour ça que ça me convient mieux.

j'adore ce qu'elle dit. Evidemment, je pense pareil !!! D'ailleurs, j'ai dit ailleurs que ne croyais pas plus à l'amitié qu'à l'amour.
Voir les gens à petite dose, oui comme Symmaque.. une très petite dose me suffit d'ailleurs !! j'ai pas un gros appétit des gens (tiens çà me fait penser au bouquin d'Amélie Nothom, la biographie de la faim !)...
C'est vrai, y a plein d'activités que j'aime faire seule. Je n'ai besoin de personne pour aller au cinéma, pour regarder la télé, pour être devant mon ordi, pour écrire, pour aller au sport, etc etc..
D'ailleurs, j'ai fais la gueule à chaque fois qu'on a regardé la télé avec mon copain (très rarement) en lui disant : si c'était pour regarder la télé, ce n'était pas la peine qu'on se voit...
Par contre, internet est une invention qui me plait !!!! ben oui, on "parle" avec des tonnes de gens ! on échange des idées, des opinions, des points de vues.. on fait quoi de plus avec les gens ???????? rien du tout !!!!! L'avantage d'internet : c'est que je vais causer quand j'ai envie !!! on me répond quand on a envie, etsi çà m'saoule : je coupe mon ordi !!!
çà, c'est le genre de relation qui me convient très bien !!!
Vive la solitude !!!

Euh, c'est la conquête de la vraie indépendance.

Moi j'aime bien regarder la télévision à deux. Dans l'idéal on appuie vite sur le bouton stop mais bon, faut que je me défoule en exerçant mon attention et voilà une heureuse façon de le faire. L'idéal étant que la personne supporte de regarder plusieurs programmes d'affilée (ça existe IL existe c'est le meilleur d'ailleurs). C'est le prototype du solitaire téléphage et télétout. Pov chou tiens.

Sinon, bah, comme je suis une solitaire, les gars le remarquent vite et se disent que ça cache un truc zarbi. Je suis placide et pas trop dépanouie. Pas anorexo, pas dépressive (du moins pas en société faut être cool dans la lif'a quoiqu'hier y a failli avoir des baffes qui se perdaient quand on m'effleurait j'aime pas le contact tactile peace, je fus dans la foule et quand je dansâs on s'écarta : ski faut pas faire quand on peut pas glousser avec une accompagnatrice ou bibiser son amoureux), je leur demande rien de plus que ce qu'ils donnent -quand symmaque redit qu'on a le temps hein de se connaître, moi je suis plutôt logique et instinctive mais je place l'instinct au dessus de toute connaissance en ce qui concerne les rapports humains et si on triche avec moi, je le sens direct mais je laisse tjs la chance au débutant sinon je vois pas trop pourquoi une histoire débute que l'initiative en soit mon fait ou non.
J'suis perso et égocentrique ça se perçoit aussi. Et par ailleurs toute dévouée et soumise. Non passive, hein.
Je suppose qu'on me laisse macérer pour voir en quoi ma "puissance" va augmenter. En raison de ma non-implication sentimentale si pas de retour immédiat, je fais tout pour ma bonne mine mais pas pour qu'un enculé mondain vienne me baver : "han ta meilleure mine que la dernière fois" paske je pense "oué chiard, c pas ton fait, même que c pas pour te faire bisquer".
Disons, la vie suit son cours et je rate pas une occase de m'amuser même seule paske j'ai à faire.

que cette écrivaine a bien parlé de la solitude.... merci pour le texte, symmaque.