J'aime à nouveau avoir l'impression de profiter du temps et non plus de laisser passer. Son cours s'est ici ralenti, s'écoule sereinement, n'a plus le syndrome de la montre folle où les aiguilles s'entremêlent fougueusement et où ce sentiment de le perdre est intense.
Cette perception du temps que je n'avais pas revue depuis de nombreuses années me gonfle d'un bien être ô combien recherché. Un peu d'espoir s'est à nouveau glissé dans mon champ, j'essaie de ne voir que lui, ce moteur qui pourrait me sortir de cette torpeur.
S'éloigner de ses habitudes permet de les voir sous un angle différent, un angle qui démontre que cette théorie est vrai : "Comprendre, c' est déjà laisser derrière soi".
Mais la lutte est serrée. Comment vais-je me retrouver en rentrant?
Un jour que je suis parti et mes nouveaux espoirs ne résistent déjà pas à mon angoisse : Moi. Mon pire ennemi mais aussi un ami sincère. Je sais peut-être trop qu'un ami trahi, même et surtout inconsciemment...
J'espère me résister, trouver la ressource ou plutôt la source, celle qui me permet de ne pas me laisser aller au confort celui où nous n'avons pas ou plus d'efforts à fournir, celui qui à l'air de couler de source justement, mais d'une autre...
Quelques jours ont passé, de nouvelles inspirations, de nouvelles images, de nouveaux paysages, une nouvelle culture.
Voyager me manquait, les livres et mes propres impressions ne me suffisaient pas, je m'en rends compte ici.
Tout se marchande, tout se discute, mêmes les kilomètres. On se fait héler de tous les côtés, on ne sait plus où donner de la tête, tout va trop vite, même si nous sommes en vacances, eux travaillent, un fossé se creuse.
Une autre culture me rappelle douloureusement la pauvreté de la mienne. Parce qu'une ne me suffit pas, il faut la compléter par d'autres, plein d'autres...
Un besoin d'inspiration pour combiner, pour associer, pour construire et impressionner une pellicule qui le traduira, je l'espère, mieux que moi.
L'appréhension du retour est revenue. Elle n'était pas partie loin, juste au détour d'un chemin qui hante déjà mes rêves, au détour d'un chemin de ce désert si pur que RIEN ne devrait troubler.
J'ai peur. La peur ne nous abandonne jamais, même celui qui a confiance en lui.
Tout à l'heure, un charmant spectacle s'est offert à moi. Deux belles jeunes femmes s'essayaient à la danse du ventre. Une danse typique des boites de nuit parisienne, mais bon, chut, je ne voudrais pas les vexer...
Même si mon regard restait fixe, mon esprit ne pu s'empêcher de vagabonder s'interrogeant sur la danse du ventre et sa signification.
A l'origine les danses ne sont-elles pas faites pour charmer les Dieux? Et de nos jours, qui charmons nous? Les humains? Nous nous rabaissons...
Voyager permet de prendre conscience que l'environnement joue un rôle prépondérant dans les cultures. L'architecture, une commodité pour nous permettre un confort qui protège de la chaleur ou qui la garde(...)
La veille du départ, bientôt les bras de Morphée et l'angoisse inconsciente qui remontera perturbant mes songes. J'ai peur de m'endormir, peur que le temps passe trop vite me rapprochant d'un départ non désiré.
Partir si, mais pas chez moi. Partir si, mais loin de chez moi.
Construire d'ailleurs en ailleurs.
Moi, sédentaire converti, je prêche le nomadisme.
Le monde ne m'a rien promis et pourtant j'attends.
Puis-je avoir plus que ce que le monde ne m'offre?
Peut-il avoir plus que ce que je lui offre?
Quelle combinaison tout cela donnerait-il?
Je n'arrive pas à me le représenter, mon esprit refuse de coopérer. Il y a certaines associations qu'il refuse de voir...
symmaque
ps: texte écrit lors de mon voyage en tunisie il y a environ 2 ans.
Sujet: Tunisialement